Racleur en V dans les porcheries La marche à suivre pour utiliser les déjections en tant qu’amendement organique
En séparant les phases liquide et solide, l’intérêt d’un raclage en V a été démontré ces dernières années. Aujourd’hui, de nouvelles informations liées à cette technique sont en cours d’acquisition.
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En février 2011, Bertrand Le Bris de la Chambre d’agriculture de Bretagne, a fourni de nouvelles informations sur la technique, et notamment sur les conditions « nécessaires à la transformation par compostage de la phase solide issue de la séparation » par raclage en vue d’une utilisation en amendement organique du produit ainsi transformé.
« Un racleur en V installé dans une porcherie d’engraissement permet de séparer les fractions liquide et solide des déjections, directement sous les animaux », précisait le spécialiste breton. Au niveau environnemental, des analyses ont montré que la fraction solide représentait 38 % de la masse totale, et concentrait 55 % de l’azote et 91 % du phosphore rejetés par les porcs.
Un solution pour résorber les excédents
« Cette technique, à travers l’exportation du solide, constitue une solution à la résorption des excédents », poursuivait-il précisant immédiatement après que « l’exportation ne pouvait être envisagée que si le produit répondait à l’une des normes ‘amendement organique’ ou ‘engrais organique’ ».
Constitution du mélange L’objectif de l’expérimentation menée par le réseau Chambre d’agriculture de Bretagne est d’obtenir « un mélange homogène et suffisamment aéré, sans apport excessif de paille » détaillait en février 2011 Bertrand Le Bris (Chambre d’agriculture de Bretagne) en présentant les travaux à l’occasion des Jrp. Les ajouts de crottes fraîches sont réalisés de toutes les semaines. |
Rappelons que la siccité est la « quantité de solide restant après un chauffage à 110°C pendant 2h. Elle s’exprime généralement en pourcentage pondéral. À l’inverse, on parlera de taux d’humidité ».
Incorporation de paille pour le compostage
Afin de répondre à ces normes, le réseau Chambre d’agriculture de Bretagne a lancé une expérimentation visant à « définir les conditions nécessaires à la transformation par compostage de la phase solide issue de la séparation ».
Pour cela, de la paille a été incorporée à la phase solide, « constituée essentiellement des fèces » selon deux taux d’incorporation : 4,8 % et 2 %, et avec des fréquences et des périodes d’incorporation différenciées.
Cette paille doit permettre de structurer le matériau à composter. « Le nombre et la fréquence des retournements sont optimisés afin d’assurer un mélange satisfaisant de la paille aux crottes, d’éviter la prise en masse, et d’apporter l’oxygène indispensable au compostage » poursuivait Bertrand Le Bris. Par la suite, le compostage du matériau obtenu est poursuivi « jusqu’à l’obtention d’un produit stabilisé ». Le suivi des températures après retournement permet de mesurer le stade d’évolution et de déterminer la durée des phases de compostage actif et de maturation.
Transformation par compostage
« Cette expérimentation a permis de démontrer que la fraction solide issue d’une porcherie d’engraissement équipée d’un racleur en V peut être transformée par compostage à condition d’y rajouter une matière structurante : paille, déchets verts ou autre ; et de retourner régulièrement le mélange afin d’éviter sa prise en masse et le blocage des fermentations », résumait Bertrand Le Bris.
La procédure suivie a permis d’obtenir un mélange fraction solide/paille équilibré et qui a permis d’atteindre des niveaux de température « autorisant son hygiénisation : il évolue rapidement pour obtenir un produit conforme à la norme ‘engrais organique’ ». Dans le détail, pour un taux d’incorporation de paille de 4,8 %, les apports de crottes fraîches se sont étalés sur 137 jours. Avec un taux d’incorporation de 2 %, les apports se sont étalés uniquement sur 12 jours. Il a fallu retourner 4 fois les andains dans le cas d’une incorporation à 4,8 %, et deux fois pour une d’une incorporation à 2 %.
Au final, la procédure a duré 297 jours « pour le cycle 4,8 % », contre 186 jours pour le cycle 2 %. « Ces durées n’ont pas été optimisées dans le sens de la recherche d’une durée minimale nécessaire à l’obtention d’un produit fini normé. Nous avons en effet décidé de prolonger les observations pour mesurer les capacités d’évolution du mélange. En élevage, la période minimale de transformation correspondra au délai nécessaire à l’obtention d’un produit normé. »
Pas de plan d’épandage
À la fin du processus, la perte de masse aura été très importante : 73 % au bout de 154 jours dans le cas du cycle 4,8 % et 74 % à 117 jours pour le cycle 2 %. Mais le résultat visé aura été atteint, « les mélanges obtenus répondant à la norme ‘engrais organique’ et pouvant être mis sur le marché sans plan d’épandage ».
Seul bémol : les taux de siccité, « très, voire trop, élevés ». Concrètement, les produits transformés obtenus sont très poudreux et poussiéreux, donc difficiles à « épandre de manière régulière. Il faudra veiller à ralentir l’évolution du mélange dès que la teneur en matière sèche atteindra les valeurs recherchées, c’es-à-dire 45 à 50 %. L’arrêt des manipulations et un stockage sur une hauteur plus importante devraient favoriser ce ralentissement », concluait Bertrand Le Bris.
Pour aller plus loin Ifip-Institut du porc : www.itp.asso.fr. |
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